Job 30. 1-31 (Sg1910)
1 Et maintenant !… je suis la risée de plus jeunes que moi , De ceux dont je dédaignais de mettre les pères Parmi les chiens de mon troupeau .
2 Mais à quoi me servirait la force de leurs mains ? Ils sont incapables d’ atteindre la vieillesse .
3 Desséchés par la misère et la faim , Ils fuient dans les lieux arides , Depuis longtemps abandonnés et déserts ;
4 Ils arrachent près des arbrisseaux les herbes sauvages , Et ils n’ ont pour pain que la racine des genêts .
5 On les chasse du milieu des hommes , On crie après eux comme après des voleurs .
6 Ils habitent dans d’ affreuses vallées , Dans les cavernes de la terre et dans les rochers ;
7 Ils hurlent parmi les buissons , Ils se rassemblent sous les ronces .
8 Êtres vils et méprisés , On les repousse du pays .
9 Et maintenant , je suis l’ objet de leurs chansons , Je suis en butte à leurs propos .
10 Ils ont horreur de moi , ils se détournent , Ils me crachent au visage .
11 Ils n’ ont plus de retenue et ils m’ humilient , Ils rejettent tout frein devant moi .
12 Ces misérables se lèvent à ma droite et me poussent les pieds , Ils se fraient contre moi des sentiers pour ma ruine ;
13 Ils détruisent mon propre sentier et travaillent à ma perte , Eux à qui personne ne viendrait en aide ;
14 Ils arrivent comme par une large brèche , Ils se précipitent sous les craquements .
15 Les terreurs m’ assiègent ; Ma gloire est emportée comme par le vent , Mon bonheur a passé comme un nuage .
16 Et maintenant , mon âme s’ épanche en mon sein , Les jours de la souffrance m’ ont saisi .
17 La nuit me perce et m’ arrache les os , La douleur qui me ronge ne se donne aucun repos ,
18 Par la violence du mal mon vêtement perd sa forme , Il se colle à mon corps comme ma tunique .
19 Dieu m’ a jeté dans la boue , Et je ressemble à la poussière et à la cendre .
20 Je crie vers toi , et tu ne me réponds pas ; Je me tiens debout , et tu me lances ton regard .
21 Tu deviens cruel contre moi , Tu me combats avec la force de ta main .
22 Tu me soulèves , tu me fais voler au-dessus du vent , Et tu m’ anéantis au bruit de la tempête .
23 Car , je le sais , tu me mènes à la mort , Au rendez -vous de tous les vivants .
24 Mais celui qui va périr n’ étend -il pas les mains ? Celui qui est dans le malheur n’ implore -t -il pas du secours ?
25 N’ avais -je pas des larmes pour l’ infortuné ? Mon cœur n’ avait -il pas pitié de l’ indigent ?
26 J’ attendais le bonheur , et le malheur est arrivé ; J’ espérais la lumière , et les ténèbres sont venues .
27 Mes entrailles bouillonnent sans relâche , Les jours de la calamité m’ ont surpris .
28 Je marche noirci , mais non par le soleil ; Je me lève en pleine assemblée , et je crie .
29 Je suis devenu le frère des chacals , Le compagnon des autruches .
30 Ma peau noircit et tombe , Mes os brûlent et se dessèchent .
31 Ma harpe n’ est plus qu’ un instrument de deuil , Et mon chalumeau ne peut rendre que des sons plaintifs .
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